Rencontre avec Julie Bourges

Est-ce que l’on peut savoir comment prendre soin de soi lorsque l’on ne s’écoute pas ? 

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Nous avons rencontré Julie Bourges, du compte Instagram Douze Février. Prendre soin de soi, c’est savoir s’écouter et écouter son corps, savoir ce dont il a besoin pour aller bien. Julie en a pris conscience, le jour où sa vie a basculé le 12 février 2013, lorsque son costume de carnaval a pris feu en fumant une cigarette. Elle nous partage aujourd’hui son histoire, et ce, en quoi, la résilience, la confiance en soi et l’acception de soi lui ont permis de faire de son accident et de sa différence, une force pour elle et pour les autres.

Comment vas-tu ?

Je vais très bien, je vais mieux parce que je me suis pas mal écoutée ces derniers mois. J’ai quitté la Côte d’Azur dont je suis originaire, pour le Sud-Ouest de la France. Un endroit en France m’appelait, un choix dur à faire, mais nécessaire pour mon bien-être. Je vais mieux par rapport à mon travail, j’ai réussi à me détacher de ce que je ne contrôle pas, je suis plus en harmonie maintenant avec ce que je partage.

Peux-tu m’en dire nous en dire un peu plus sur toi, sur ton histoire, sur l’épreuve que tu as traversée ?

« Je me définis comme Julie Bourges, et pas non pas comme Douze Février. »

C’est peut-être la base de notre échange. Le 12 février, cette date a pris beaucoup de place dans ma vie, beaucoup plus que je ne l’imaginais. J’ai eu un accident à cette date-là, en 2013. Mon costume de carnaval a pris feu sur moi, en fumant une cigarette à la sortie du lycée. J’ai fait 3 mois de coma artificiel, 5 mois d’hôpital, et s’en est suivi une très longue période de reconstruction, rééducation, car j’ai perdu énormément de poids. Il y a eu beaucoup de phases : appréhender le regard des gens, retourner au lycée, retrouver l’amour. On apprend à se reconstruire après un accident, c’est vraiment une deuxième vie qui commence. En-tout-cas, ce fut le cas pour moi. J’aime bien parler de renaissance, plus qu’un accident. Car c’est vraiment comme cela que je le vis. J’ai commencé à partager cela sur les réseaux, et voilà pourquoi j’en suis là aujourd’hui.

 

Y a-t-il un avant/après ? Si oui lequel ?

J’ai longtemps dit sur mes réseaux que l’accident m’avait changée. C’est un fait, mais il y a quand même une part de qui j’étais avant, qui demeure. Ça ne m’a pas radicalement changé. J’ai juste pris conscience entre avant et après de la réalité de la vie. J’étais une ado, il y avait ce côté insouciance, que rien ne pouvait m’arriver. L’accident est venu chambouler tout ça et me mettre face à la réalité. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, il peut y avoir des hauts, des bas plus compliqués à surmonter, mais quand on y arrive, il y a une belle histoire derrière. C’est une prise de conscience sur le monde qui nous entoure et la vie, en général. J’ai pris conscience aussi que pour me sentir accomplie après cet accident, il fallait que je transmette et que j’aide les autres. C’est peut-être quelque chose que j’aurais pu mettre beaucoup de temps à comprendre si je n’avais pas eu cet accident. Fondamentalement, je pense qu’être généreuse, ça fait partie de moi. La transmission aussi, mais l’accident a démultiplié cette envie. Dans ma vie, pour être heureuse, j’ai besoin de donner aux gens, je l’aurais peut-être appris à 40 ans alors que là, je l’ai appris à 20 ans, c’est plutôt pas mal !

À partir de quel moment as-tu fait de ton histoire, une force ?

Dès le départ, j’en ai fait une force. Le jour où j’ai pris conscience d’en avoir fait une force, c’est peut-être différent, c’est lorsque j’ai commencé à faire beaucoup d’interviews et lorsque mon histoire allait au-delà de moi-même et qu’elle inspirait d’autres personnes, et qu’elle aidait d’autres personnes. C’est à partir de ce moment-là que j’ai su que j’avais le moyen d’en faire quelque chose de différent.

Comment aimes-tu prendre soin de toi ?

J’ai eu des gros problèmes après mon accident pour prendre soin de ma peau. Pour moi, le fait d’appliquer des crèmes ou des produits de beauté, était associé à mon accident, à un geste plutôt médical. J’ai mis énormément de temps à retoucher ma peau, à l’apprécier et à vouloir en prendre soin, à passer outre ce geste médical. Ma peau avait assez souffert et c’était chouette de venir en prendre soin. Aujourd’hui, j’apprends et je retrouve un geste. Majoritairement, il y a le sport également. Pouvoir extérioriser quand je fais du surf, c’est vraiment mon moyen de décompression numéro 1 le sport, en général.

 « J’ai appris à m’écouter. C’est peut-être finalement, le plus beau moyen de prendre soin de soi parce qu’aujourd’hui on parle beaucoup de développement personnel, de yoga, qu’il est essentiel de mieux manger. Il y a beaucoup de choses qui peuvent être vus comme des contraires alors que l’on pourrait toujours apprendre à s’écouter. Est-ce que l’on peut savoir comment prendre soin de soi quand on ne s’écoute pas ? Je ne sais pas ! »

On préconise beaucoup de sport, beaucoup de yoga, mais le yoga ne va pas avoir le même effet chez moi que chez quelqu’un d’autre, par exemple.

« C’est pour cela que la base est de s’écouter et de savoir ce dont notre corps a vraiment besoin pour aller bien. »

Est-ce que ton histoire a changé ta vision de la féminité ? Quel est ton rapport avec ton corps ?

Totalement ! J’ai une grand-mère qui est espagnole, très attachée à l’apparence. J’ai un peu grandi dans cette vision de la féminité là, être féminine, c’était être tiré à 4 épingles, bien habillé, à m’apprêter, etc. Mon accident a été très dur, et peut-être plus difficile que d’autres personnes et que j’avais peut-être une vision de la féminité très marquée dans ma reconstruction. Typiquement, je n’avais plus de cheveux donc pour moi, je n’étais plus une femme et j’ai mis du temps à comprendre que ma féminité n’était pas tout ça mais plutôt ce que j’en faisais. Je craignais de ne pas retrouver un chéri, un travail et finalement, on peut être 1000 fois plus féminine sans cheveux, mais avec un grand sourire !

« Je pense que la féminité se résume beaucoup dans de la confiance en soi. La féminité, c’est accepter juste ce que l’on est et se définit de plein de manières. Il n’y a pas de vision de la féminité définie selon moi. »

Le sport a une grande place dans la vie. Tu pratiques le surf, le yoga, la méditation. En quoi cela t’aide dans ton bien-être quotidien ?

La résilience en fera toujours partie. Une vraie notion de bien-être, de lâcher prise, de me recentrer sur moi-même dans tous les bienfaits que l’on connaît du sport. Au-delà de ça, le sport m’a sauvé la vie. Sans cette mémoire musculaire, je ne serais peut-être pas en vie, tout simplement. La gymnastique m’a beaucoup aidé dans ma reconstruction après le coma. Quand on a un corps qui est sportif, la reconstruction et la cicatrisation se fait beaucoup plus rapidement. Je pratiquais 12 h de gymnastique artistique par semaine. Le mental joue beaucoup également. Cet esprit compétition avec soi-même m’a sorti beaucoup plus rapidement de cette rééducation un peu longue. Le fond du message au-delà de tout ça, quand je pratique du sport, il y a une part très consciente de moi qui se souvient de lorsque je ne pouvais pas en faire. Je suis reconnaissante de pouvoir bouger, d’être en vie. Tout le monde n’a pas cette chance. J’ai la chance d’avoir mes 4 membres. Dans mon accident, dans mon malheur, j’ai eu énormément de chance de pouvoir pratiquer comme je le faisais avant. Je n’ai pas de séquelle qui m’empêche de faire ce que j’ai envie de faire.

Je crois savoir que l’océan a une grande place dans ton cœur. Chez Panier des Sens, nous travaillons au quotidien pour limiter la consommation de plastique. Si tu avais un mot à dire sur ce sujet, pour les générations futures, lequel serait-il ?

J’avais moins conscience des conséquences de la pollution du plastique avant de déménager, à côté de l’océan. Ici, avec les marées, lorsqu’elle se retire elle laisse beaucoup des déchets plastique, notamment microplastique. L’été, quand les tracteurs nettoient les plages, ça enterre une majorité des déchets. L’été on se rend moins compte. On en prend plus conscience l’hiver. Les tracteurs ne passent pas. C’est chez nous. J’ai déménagé dans la région de mes rêves. Ce n’est pas possible de voir cela. C’était sûr que ça ne finirait pas arriver. Ce que j’ai envie de transmette, par exemple, est qu’il est facile de partir à la plage avec un sac plastique, ça ne coûte rien, c’est chouette. Pour aller plus loin, nous pouvons limiter notre consommation de poissons, vérifier d’où il provient. Opter pour le zéro-déchet.

« Juste rappeler que l’on peut tous changer les choses à notre échelle. On ne changera pas le monde à notre petite échelle, mais on peut tous. Même si nos déchets ne sont pas les nôtres, on peut les ramasser quand même. »

 

En te suivant sur les réseaux sociaux, on pourrait dire que tu aspires la vie. Qu’en penses-tu ?

Lorsque j’ai eu mon accident, les pompiers ont éteint le feu qu’il y avait sur moi, mais malheureusement le feu qui brûle en moi ne pourra jamais être éteint. Cet amour de la vie, ce feu qui brûle en moi, cette positivité que je ne peux pas cacher, aujourd’hui, je brûle la vie, d’envies. Je pourrais vivre 1000 vies s’il le faut. La vie vaut la peine d’être vécue et du coup, je suis ce fonctionnement-là.

Quelle est la chose qui te rend la plus heureuse ?

J’ai fêté mon anniversaire avec ma famille. On a une vie un peu rêvée, on gagne bien notre vie. Cela peut faire perdre la raison. Moi ce qui me fait garder les pieds sur terre et ce pour quoi je suis reconnaissante, avec sincérité, c’est ma famille. Ils connaissent mes moments sombres, ce par quoi je suis passée, mon plus grand bonheur ce sont mes proches. De les avoir en bonne santé avec moi. J’ai soufflé mes 26 ans avec mes 4 grands-parents. Tu sais que la vie a ses fragilités et tu sais que tout peut arriver très très vite. Tu apprends à être reconnaissante des moments les plus simples. Je suis très partisane de ce qu’il va rester à la fin, ce sont les moments simples, plus que tout le reste. C’est ce qui me rend heureuse !

Si tu devais parler à la Julie d’il y a 10 ans, que lui dirais-tu ?

La Julie qui vient juste d’avoir son accident, je lui dirai que si elle ne se sent pas représentée par la société, elle peut se représenter elle-même, car finalement, c’est ce que j’ai fait. Même si elle ne le voit pas encore, il y a un vrai sens à cet accident. En fait, je dis cela, mais je ne sais pas si la Julie d’il y a 10 ans ne le savait pas au fond d’elle, car lorsque je vois les photos, j’ai le sourire. Je lui dirai de ne pas perdre d’espoir. Il y a un après l’accident, la vie ne s’arrête pas à l’apparence qu’elle pense avoir, qu’elle récupérera encore plus que ce qu’elle pense avoir perdu.

Juste pour le mot de la fin : tu as pu tester notre collection Fleur d’Oranger. Qu’en as-tu pensé ?

Je suis originaire du Sud Est. J’ai été bercée à la Fleur d’Oranger. Les senteurs, la naturalité, c’est hyper important pour moi. C’est vraiment ce que j’ai retrouvé chez Panier des Sens. J’ai vraiment l’impression d’être avec ma maman, c’est mon enfance, c’est un moyen de me rappeler d’où je viens aussi. Je connaissais très bien la marque. Pourquoi Panier des Sens ? Je prends plaisir dans les senteurs quand je prends soin de ma peau et Panier des Sens pour cela.

 La collection à la Fleur d'Oranger

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